La période actuelle présente beaucoup de similarités avec celle de 2010. On parlait déjà des cleantech comme d’un « Hype », c.-à-d. une mode dont l’intérêt semblait déjà diminuer aux Etats-Unis. Aujourd’hui, la durabilité est mise à mal de toutes parts à l’exemple des retards annoncés en Europe avec l’omnibus (CSRD, …) ou encore les annonces sur les taxes douanières américaines qui suivent un profil proche des montagnes russes… Une situation très similaire d’il y a 15 ans, néanmoins avec une différence de taille, la dynamique d’un écosystème en place !

Notre vision pour les années à venir est claire : les cleantech sont le fer de lance pour réaliser concrètement les mesures des plans de décarbonation et la durabilité est le vecteur qui permettra aux entreprises de gagner en résilience. Une résilience nécessaire pour résister à un environnement chahuté et sujet à une augmentation, en nombre et en fréquence, de crises liées à des aspects économiques, politiques, climatiques ou géostratégiques.

Les cleantech et la durabilité vont converger pour devenir indissociables à terme. Dans la décennie à venir, on va très probablement vivre le remake de l’épopée des systèmes de management de la qualité (ISO 9001) sous l’acronyme « ESG ». Le défi de ce remake sera d’éviter de tomber dans les travers de « l’usine à gaz » mise en place à l’époque pour l’ISO 9001 et d’exploiter les enseignements récoltés tout au long de ces 40 dernière années.

La durabilité doit être vue comme une manière d’appréhender et de réduire les risques dans un environnement chahuté. La réalisation d’une approche ESG avec ses critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance, est un instrument de gestion des risques qui va permettre aux entreprises, y compris aux PME, de s’orienter dans un environnement évolutif fortement instable. C’est une sorte de boussole qui permet d’établir un plan et une stratégie de gestion des risques.

Notre vision sur ce point est qu’une démarche de durabilité intégrant une analyse de l’empreinte environnementale de la société et/ou de ses produits phares, seront devenus la norme d’ici 15 ans.

Le travail à réaliser en priorité pour y arriver est de démystifier le sujet, de partager des exemples concrets et surtout de développer une approche pragmatique pour accélérer la réalisation de ces empreintes. L’objectif est clairement de les rendre abordables aux PME en terme financier et de ressources humaines à investir. Il s’agit par exemple de simplifier la réalisation d’analyses de cycle de vie ou encore de bilans carbone, en développant des solutions génériques ou de branches… Utopie diront certains, ce à quoi nous répondons : innovons !

Le 2e axe essentiel pour la réalisation de cette vision est de poursuivre l’internationalisation des solutions cleantech. Le marché intérieur est un tout petit marché qui fait office de vitrine de démonstration alors que la croissance réside clairement sur les marchés étrangers. Dans ce contexte et en complément de l’exploitation des synergies entre les initiatives actuelles, il serait judicieux de renforcer la présence sur certains marchés étrangers avec des showrooms permanents.

Ces lieux, sorte de swissnex ou Swiss Business Hubs industriels, seraient typiquement des espaces où les entreprises pourraient exposer leurs solutions et équipements pour les mettre à disposition de leurs clients, pour réaliser des tests dans leurs environnements. Une intensification des relations entre les multinationales et les PME, par exemple en développant des partenariats avec les groupes internationaux ayant des Head Quarter dans notre pays permettraient de renforcer l’impact de cette initiative.

La fusée est lancée : notre défi collectif est désormais de garantir une propulsion durable. Cela passe dans l’immédiat par un soutien accru à la pré-industrialisation et à la mise à l’échelle industrielle des solutions, appuyé par une exploitation des synergies entre acteurs publics et privés.

L’impact du changement climatique n’est plus un horizon lointain — c’est ici, et maintenant. Et l’écosystème cleantech a déjà les solutions. Alors… rendez-vous dans 15 ans pour un nouveau bilan. D’ici là, cap sur l’action !