La technologie de gazéification hydrothermale développée par TreaTech permet non seulement d’éliminer efficacement les déchets liquides, mais aussi d’en valoriser les sous-produits. Tirant avantage de l’eau, cette alternative à l’incinération trouve application dans de nombreux secteurs industriels.
Contexte
Si l’incinération est toujours considérée comme le moyen le plus efficace pour éliminer les virus, bactéries et micropolluants des flux de déchets, la méthode est peu satisfaisante du point de vue environnemental. Les déchets doivent en effet être transportés et de nombreuses installations de traitement ne valorisent ni la chaleur ni la vapeur produite au cours du processus. La solution modulaire brevetée par TreaTech permet au contraire de convertir en ressources de nombreux déchets habituellement incinérés. Des produits pouvant être utilisés in situ ou remis dans le circuit dans un esprit d’économie circulaire.
Technologie
Associant un processus de gazéification hydrothermale à un procédé catalytique, la technologie développée par TreaTech permet de maximiser la valorisation des sous-produits générés par le traitement des boues d’épuration, effluents industriels ou déchets liquides agroalimentaires. À commencer par l’eau, de qualité industrielle, et les sels minéraux (notamment le phosphore, le potassium et l’ammonium), qui peuvent être utilisés comme engrais. La fraction organique est convertie en méthane dans un réacteur spécifique et le CO2 émis par ce processus peut encore être séparé – à l’avenir, il devrait pouvoir être séquestré ou valorisé en sortie. Selon les effluents traités, il ne reste ainsi qu’une sorte de saumure pouvant être éliminée dans les cimenteries ou mise en décharge. La technologie permet de traiter des eaux très polluées, en émettant environ 95% moins d’émissions que les procédés classiques d’incinération. Compacts, les équipements pourront être installés au plus près des déchets afin d’en éviter le transport.
Maturité
Fondée en 2015, la spin-off de l’EPFL a uni ses forces avec l’Institut Paul Scherrer en 2019. L’installation pilote a été validée et l’entreprise met en service en 2024 un premier démonstrateur industriel permettant de traiter 200 kg/h en continu, en partenariat avec Ecorecyclage, filiale du groupe suisse Holdigaz. Neuf millions de francs ont été levés en ce sens en 2023, essentiellement auprès d’industriels, parmi lesquels Holdigaz, les Français Engie et CMA CGM, l’Américain Montrose Environmental et l’entreprise saoudienne Sipchem. De quoi ouvrir déjà quelques marchés à TreaTech, qui vise rapidement un développement à l’international.
‘ Nous sommes intéressés par le traitement des mélanges liquides contenant beaucoup de matières organiques ; la production de méthane et autres sous-produits permet de rentabiliser notre technologie.’
- Frédéric Juillard, CEO de TreaTech
Ce portrait est tiré de la 2e édition du panorama des start-up cleantech publié en 2024. Découvrez la publication complète ici.
