Un appel à l’action pour un numérique plus responsable
Pour la première fois, une étude menée par la startup à impact Resilio en partenariat avec le Centre Enterprise 4 Society de l’EPFL, Unil et IMD et 20 autres organisations, dévoile l’empreinte environnementale du secteur numérique en Suisse. À l’instar des rapports du GIEC, cette étude scientifique propose un état des lieux chiffré, accessible, et opérationnel pour les décideurs politiques, les entreprises, et les citoyens.
Le numérique est un poids lourd : des chiffres inédits pour la Suisse
Le numérique joue un rôle complexe : bien qu’il semble immatériel, il contribue de manière significative à la pollution et à l’épuisement des ressources naturelles. Jusqu’à présent, la Suisse devait se contenter de chiffres extrapolés de l’international.
Cette étude marque une première nationale et révèle notamment que :
- Le secteur numérique suisse consomme 12 % de l’électricité nationale, c’est à dire environ 6,9 TWh, soit l’équivalent de 1.4 millions de foyers ;
- 99 % des citoyens suisses sont des utilisateurs actifs d’Internet, passant en moyenne 5 heures et 32 minutes par jour en ligne ;
- Le secteur du numérique est aussi responsable de 2 % des émissions de gaz à effet de serre du pays, c’est autant que 40 % de l’empreinte de l’aviation au départ de la Suisse ;
- En 2024, les équipements utilisateurs pèsent pour 66 % de l’empreinte, mais les centres de données deviendront majoritaires dès 2035 (56 %).
Aussi, l’étude ouvre des questions sérieuses quant à la recyclabilité du matériel, et la dépendance d’une économie de plus en plus numérisée, à des filières critiques situées à l’étranger… avec des implications fortes de dépendance internationale.
« L’achat d’un smartphone de dernière génération est loin d’être une action insignifiante d’un point de vue environnemental ; réduire le renouvellement non indispensable de nos appareils et s’orienter vers des achats reconditionnés et réparables est avantageux pour le portefeuille, et pour l’environnement. Le grand nombre d’appareils utilisés (écrans, smartphones, ordinateurs portables, téléviseurs, tablettes etc.) mis en évidence par l’étude reflète la réalité du niveau élevé de numérisation et de consommation nationale ». — Louise Aubet, co-autrice du rapport
De plus, la course à l’IA et l’explosion des centres de données, dans lesquels la Suisse investit massivement, promettent une augmentation très forte de l’empreinte du secteur : tant en termes de consommation d’énergie, que de surface au sol, voire d’eau.
« La Suisse investit massivement dans l’IA et les centres de données : eau, électricité renouvelable, surface habitable et finances de nos fonds de pensions. Pour quels usages, avec quel risque et dépendances ? Compte tenu de l’investissement, la question doit être posée. » — Amael Parreaux-Ey, CEO de Resilio
Une empreinte qui va augmenter rapidement d’ici 2035
Cette tendance s’explique par la croissance de la population et le développement de nouveaux usages (intelligence artificielle générative, réalité virtuelle, etc.). Ces résultats sont issus d’une analyse rigoureuse menée par les auteurs de l’étude (Louis Guégan, Louise Aubet et Léa Bitard), soumise à un panel d’experts internationaux.
La méthodologie repose sur l’Analyse du Cycle de Vie (ACV), une approche permettant d’évaluer les impacts environnementaux d’un système tout au long de son cycle de vie et selon de multiples indicateurs environnementaux, tels que l’utilisation des minerais et métaux (186 tonnes équivalent Antimoine), les émissions de gaz à effet de serre (1,99 million de tonnes équivalent CO₂) et l’écotoxicité de l’eau douce (65 milliards de CTUe).
L’étude prend en compte l’ensemble des équipements et infrastructures numériques utilisés en Suisse, à des fins personnelles et professionnelles en 2024, ainsi que des projections à 2035.
Elle est disponible sous plusieurs formats :
- Une synthèse concise de 2 pages pour les décideurs publics, dirigeants et citoyens ;
- Un livre blanc qui explicite la méthodologie, les résultats, les recommandations et les conclusions, co-écrit avec l’institution Enterprise For Society (E4S) de l’EPFL, Unil et IMD ;
- Un rapport complet de l’étude en accès libre, en partenariat avec l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), à paraître à l’automne.
Pour qui ? Et pourquoi maintenant ?
Face à l’urgence climatique et à la croissance rapide de la consommation numérique dans tous les domaines, cette étude vise à outiller les autorités publiques, les acteurs économiques et les citoyens suisses afin de guider les politiques et les comportements vers un numérique plus sobre, circulaire, et résilient.
“Le numérique représente à la fois une solution et un défi pour la transition écologique. Cette étude est surtout un outil pour agir en toute connaissance de cause.” — Louis Guégan, co-auteur du rapport
3 recommandations clés
L’étude formule des recommandations concrètes pour chaque acteur :
- Pouvoirs publics : améliorer la collecte et le recyclage local des déchets électroniques.
- Entreprises : adopter une approche BYOD (Bring Your Own Device) pour combiner usage personnel et professionnel des équipements, réduisant ainsi leur empreinte totale.
- Citoyens et consommateurs : privilégier des appareils durables, réparables et de seconde main : plus économiques et plus résilients.
Un collectif mobilisé pour la réalisation de l’étude
L’étude est le résultat d’un travail collectif et notamment un grand nombre de réviseurs académiques et institutionnels qui ont aimablement accepté de relire et commenter l’étude; les partenaires E4S et IUT; le soutien de Swisscom, Infomaniak et du Canton de Vaud qui ont contribué à la collecte de données; les sociétés Exoscale, Hidora, Nexthink, Orange Business Spark IT, et l’ISIT qui ont offert leur soutien financier; la HEIG VD, Be social, 42 Lausanne, CH Open et Swiss ICT qui ont contribué à la communication et la diffusion de l’étude.
Prochaines étapes
Le Livre Blanc, l’étude scientifique complète ainsi qu’une infographie pédagogique sont disponibles sur la page web de l’étude sustainableit.ch, et en 4 langues (Français, Anglais, Allemand et Italien).
Un webinaire de lancement et plusieurs présentations publiques sont également prévus. Dates :
- 3 septembre – Green Economy Symposium – Winterthur
- 10 septembre – Showcase – Lausanne
- 1er octobre – Swiss IT Forum – Genève
- Octobre/ novembre – dates des webinaires à venir
- 12 novembre – Swiss Impact Forum – Berne
- 18 novembre – DynaCon – Berne