Reconnue pour sa force hydraulique, la Suisse confirme son rôle majeur dans la contribution à l’équilibre des réseaux d’électricité en Europe. Dotée d’une capacité de stockage équivalente à 400 000 batteries de voitures électriques, la centrale de pompage-turbinage de Nant de Drance est entrée en service en 2022.
Colossale. Avec ses 900 MW, la centrale hydroélectrique de pompage-turbinage de Nant de Drance est l’une des plus puissantes d’Europe. Après 14 ans de travaux titanesques, récompensés par le Major Tunnelling Project of the Year Award, à Londres en 2014, elle est entrée en service au cours de l’été 2022. «Ce n’est rien d’autre qu’une gigantesque batterie écologique, fonctionnant avec de l’eau», résume son directeur Alain Sauthier. En permettant de stocker à court terme l’électricité excédentaire produite notamment par les installations solaires et éoliennes, la centrale a vocation à jouer un rôle clé dans la régulation des réseaux suisse et européen.
Le lac supérieur du Vieux Emosson offre ainsi une capacité de stockage de 20 millions de kWh. «Cela correspond à 400 000 batteries de voitures électriques», souligne-t-il. Un outil devenu indispensable depuis le déploiement massif des énergies renouvelables – par essence intermittentes – partout en Europe. «La capacité de cette centrale dépasse les besoins de la Suisse», ajoute-t-il. «Elle a été conçue pour les marchés européens, au centre desquels nous nous situons géographiquement.» Une telle centrale de pompage-turbinage permet ainsi d’équilibrer l’offre et la demande d’électricité, garantissant la stabilité des réseaux et contribuant à la sécurité d’approvisionnement. Au cœur du dispositif, à 600 mètres sous terre, se trouvent six pompes-turbines réversibles. «L’installation est très flexible et très réactive», relève le directeur. «On peut passer du pompage à pleine puissance au turbinage à pleine puissance, soit un différentiel de 1800 MW, en moins de cinq minutes.» Le rendement d’un cycle complet de pompage-turbinage se monte à 80%.
Deux milliards de francs ont été investis par les actionnaires de Nant de Drance (Alpiq, Chemins de fer fédéraux , Forces motrices valaisannes et Services industriels de Bâle). A hauteur de leur participation, chacun d’entre eux dispose des capacités de production et de pompage de la centrale, et gère l’énergie en fonction de ses besoins. Ces partenaires mettent également leurs forces à disposition de l’exploitation de l’installation qui n’emploie aucun personnel en propre. Son impact sur l’environnement est compensé par quatorze projets, pour un montant total de 22 millions de francs. Il s’agit notamment de récréer des biotopes spécifiques ou encore de renaturer des sites, en lien avec des associations de protection de la nature.